Le fil des jours

N’avoir jamais subi de violences, ne haïr personne, ignorer la vraie douleur, aimer et être aimé, sont les immenses privilèges dont je jouis. Tous les jours je me souviens que je suis heureux. Tous les jours je me souviens que je dois mourir. Tous les jours je redécouvre qu’il est bien qu’il en soit ainsi. […]

Je possède actuellement trois guitares. Deux sont électroacoustiques. La première m’a été offerte par mes amis à l’époque où je me suis lancé sur scène, car j’avais besoin d’une guitare amplifiée. Je suis allé la choisir dans un magasin à Paris. J’en essayais plusieurs, lorsque sur l’une d’elles, sans que j’y réfléchisse, je me mis à enchaîner

Ce monsieur et moi sommes assis côte à côte. Mon portable se met à vibrer. Lorsque je le sors précipitamment de ma poche, il tombe sur le pied de mon voisin. L’homme me sourit, amusé mais pas moqueur. Je l’interroge du regard. – C’est la première fois que mon pied reçoit un coup de téléphone,

Je viens de voir des plumes passer devant ma fenêtre. Elles m’ont fait une impression bizarre. Je me suis dit que deux corbeaux venaient de violer une pigeonne. Qu’elle était peut-être étendue sur mon toit, blessée, désemparée. Qu’un de ses congénères allait la trouver, appeler la police des oiseaux, qu’un merle pas commode allait mener

La pluie qui tombe. Les essuie-glaces qui couinent. La buée sur les vitres. La plage déserte. Les appartements fermés. Le front de mer en travaux. Tout le gris de l’hiver qui envahit septembre. Un moment hors saison.  Dans la rue principale, quelques boutiques sont ouvertes. Les rares passants marchent d’un pas rapide, accrochés à leur parapluie.

Papa (91 ans) se met à l’informatique. Ses lettres manuscrites ne sont plus du goût des administrations ni de ses autres correspondants. Il veut disposer d’un traitement de texte et communiquer par Internet. Je l’avais encouragé à s’acheter un ordinateur il y a une quinzaine d’années. Il m’avait dit qu’il était trop vieux. Il a

On ne fume plus dans les bureaux. Je ne dirais pas que c’est dommage, mais cela prive d’informations amusantes sur l’inconscient des collaborateurs de l’entreprise. Chez Synthélabo, le directeur de la recherche fumait des petits cigares de marque Nobel. Le tabac à pipe du directeur financier, c’était du Royalty. 

C’est un jeu de l’esprit, auquel je m’adonne parfois, comme à une réussite. On prend un mot, puis son contraire, puis un contraire du contraire, qui ne soit pas le mot initial, et l’on dérive comme cela, d’antonyme en antonyme, jusqu’à se retrouver le plus loin possible du point de départ. Le plus amusant c’est

Quand on me demande ce qu’est une rencontre, une image astronomique me vient à l’esprit. Je vois les êtres comme des corps célestes lancés sur leur trajectoire. Nous sommes, mettons, des comètes. Nous filons sur une belle ligne, droite ou parabolique, quand nous passons à proximité d’un autre corps, qui nous prend, plus ou moins fortement,

La préface parle de choses que l’on s’apprête à lire, mais que l’on n’a pas lues. Il est donc préférable de la sauter, pour n’en prendre connaissance qu’à la fin. Cependant, à la fin du livre, on trouvera que le texte, s’il est bon, se suffit à lui-même et qu’il n’est pas nécessaire d’y ajouter.