Le fil des jours

J’ai le très plaisant regret d’annoncer à mes lecteurs que mon petit tour de chant de demain soir sur la Seine affiche complet. Inutile de venir si l’on n’a pas déjà réservé. Pour jeudi prochain, il reste encore quelques places, si le bateau est encore à flot, et n’a pas coulé d’ici-là sous le nombre.

Maman s’éloigne ; elle va bientôt partir. Elle le sait, et dans la confusion qui envahit souvent son esprit, elle l’anticipe. Hier, comme j’avais emmené Papa lui rendre visite, elle l’a interrogé d’une voix faible : – Comment te débrouilles-tu, maintenant que tu es veuf ?

Le soleil vient de se lever. Nous nageons, elle et moi, dans une mer d’huile. Nous sommes seuls, tout n’est que bien-être : douceur de l’air, chaleur de l’eau. Elle s’éloigne en faisant quelques mouvements déliés vers le large. Quand elle se retourne, le soleil lui fait face. Sa tête est un point blond exactement

Voici un cliché, pris il y a deux semaines, qui saisit sur le vif le mécanisme du printemps. Sans entrer dans les détails : un rayon de soleil vient taper une branche, et hop ! une fleur.

Voici des poulets dont on nous dit qu’ils sont élevés « en liberté et en plein air ». Observons néanmoins qu’ils ont fortement tendance à rester sur le pas de leur porte. La nature ne les tente pas trop, avec tous ces bons aliments semi-industriels qu’on leur sert à l’intérieur. Je me souviens avoir discuté

Une personne très chère à mon coeur prend des cours de chant. Au menu : technique musicale et solfège. Son professeur, pour ce que j’en connais, est excellent, quoique son enseignement ne soit pas toujours conventionnel. L’autre jour, comme elle revenait de son cours l’air réjoui : – Qu’avez-vous travaillé aujourd’hui ?, lui demandé-je. –

Mon rapport à l’astrologie, qu’elle soit occidentale ou chinoise, est quasiment inexistant. Je n’y crois pas, malgré une expérience qui aurait pu me faire changer d’avis. Il y avait dans les années 70, dans une galerie des Champs-Elysées, une boutique dénommée Astroflash. Moyennant quelques francs, on pouvait y faire établir son thème astral par un

Une personne très chère à mon cœur sort de sa douche, totalement nue. Comme je lui fais remarquer que nous sommes en retard : – Ne t’en fais pas, dit-elle, je suis presque habillée.

Des bruits de pas dans le grenier de la maison. Un trot rapide de pattes griffues. Mulot, belette, loir ? Peut-être un oiseau. En pleine nuit, autrefois, avec des sons pareils, mon imagination aurait pu s’enflammer. Les bêtes seraient devenues fantastiques, inquiétantes. Elles se seraient bientôt muées en personnages maléfiques, et je me serais recroquevillé

Le monde est plein de gens pour qui Dieu est une évidence. Je les observe et, parfois, je les envie. J’ai l’impression qu’ils portent des lunettes qui leur permettent, sinon de voir Dieu, du moins de connaître qu’il existe. Dans ce qui leur arrive ici-bas, ils discernent ses desseins. Ils croient. Ils craignent, ils prient,