Bande passante

Les Écritures sont pleines de contradictions. Les exemples abondent. Voyez l’image de Dieu : « Père tout-puissant, créateur du ciel et de la Terre » d’un côté, et de l’autre pauvre, vulnérable, né dans une étable en hiver ; ou le message divin : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix », d’une part,  et « Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive en ce monde » d’autre part ; ou sur le plaisir de la chair : « Ah ! Que tu es douce, amour, en tes caresses ! (…) Tes seins, qu’ils soient comme des grappes de raisins, ton haleine, comme une odeur de pomme, ta bouche, comme un vin exquis… » (Cantique des cantiques) face à « je vous dirai qu’il est bon pour l’homme de ne pas toucher de femme » (Saint Paul) ; etc, etc.

On ne les surmonte qu’en acceptant le mystère.

Ou alors, pour prendre une métaphore qui plairait aux ingénieurs du son, en se figurant que la Parole est émise sur une bande passante extrêmement large, et qu’elle occupe un spectre de fréquences qui excède largement celui de notre oreille. Chacun de nous entend une fraction de ce qui est dit. Notre écoute peut être pointue, mais elle est restreinte. Il y a ceux qui entendent les timbales du Dieu tonnerre, et ceux qui se concentrent sur les trilles de la flûte du Dieu ami. Ceux qui souffrent dans une vallée de larmes et ceux qui jouent dans un jardin. Ceux qui ont peur, et ceux qui accueillent. Ceux qui agissent, ceux qui contemplent. Ceux que leur salut obsède, ceux qui croient d’abord au présent. Question de condition et de tempérament.

Qui peut entendre la totalité de l’orchestre ? Y a-t-il une musique derrière la cacophonie ? Ou n’est-elle que l’écho de toutes les clameurs du monde ?

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Bruno SERIGNAT

L’angoisse de mort, c’est quand même quelque chose !!!