Avant-guerre

Le soleil règne en maître absolu. Il se lève, il cogne, il se couche. Le lendemain, même chose. Les journées s’enchaînent, brûlantes et sèches. Les prés sont jaunes. Les arbres ont soif. Même dans notre sud-ouest habituellement généreux en orages, il n’a pas plu depuis des semaines. La sécheresse s’est installée. L’eau fait l’objet de restrictions. On commence à parler du beau temps comme d’une calamité.

Heureusement il y a l’ombre dense du mûrier platane. C’est là que nous nous tenons. L’air y est quelques degrés plus frais qu’ailleurs. Installés sur nos chaises longues, nous y somnolons aux heures chaudes, méditant sur le délitement du monde ou le menu du prochain repas. De temps en temps passe un souffle de brise, un frisson bienheureux. Un livre, un verre de jus de fruits, nous nous abandonnons à la désuétude tranquille de moments suspendus, comme une avant-guerre.

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