On continue de s’écharper sur les forums du journal Le Monde à propos du féminin du mot auteur.
— Je ne connais pas cette autrice, dit l’un.
— Alors écrivez “auteur” ou “auteure” mais, s’il vous plait, pas ce mot horrible qui écorche les yeux, répond l’autre.
— Ah ! Et quel est (rétorque le premier) le féminin d’acteur sinon actrice ? Celui de directeur sinon directrice ?
Une tierce personne abonde dans son sens : — Autrice est un aussi joli mot que actrice ou institutrice, ce n’est pas parce que personne ne l’utilise qu’il écorche les yeux…
Je n’en ai pas lu davantage. Quelqu’un a sans doute poursuivi en invoquant joueur et joueuse, docteur et doctoresse, et les esprits ont dû continuer à s’échauffer.
Autrice, auteure, auteuse, autoresse : tous les féminins se conçoivent, et à chacun sa justification. Pour ma part, ma tendance naturelle serait, en l’espèce, de continuer à s’en passer, comme on le fait très bien depuis des siècles. Mais je sens que cela contredit trop l’humeur du temps. Alors, s’il faut absolument trouver un féminin à auteur, je dirais : va pour auteure. Pourquoi ? Pour le respect de la rime dans les Femmes savantes :
Toute autre forme altèrerait par trop la langue de Molière. 🙂
Eh bien, je partage totalement ton analyse mais, me moquant de l’humeur du temps comme de ma première chemise, je continuerai à me passer du féminin quitte à encourir les foudres des “bien-pensants”. De toute façon, je reste totalement persuadé que, dans quelques dizaines d’années (peut-être même avant), nos descendants se gausseront de nos excès actuels de “politiquement correct” qui ne sont que les signes préludant à l’instauration d’un nouvel ordre moral, probablement le retour de balancier de mai 68. Comme quoi, “l’Histoire est toujours identique à elle-même et, telle un pendule…” (air connu).