Au plus près

La nuit, le sommeil lui échappe. Ce n’est souvent qu’au petit matin qu’elle s’endort, après s’être blottie dans mes bras. Je l’écoute dormir. Je ne bouge plus. Je ne connais pas de son plus mélodieux que celui de sa respiration profonde et lente, pas de sensation plus agréable que la chaleur de son corps apaisé contre le mien. Dans la pénombre préservée de la chambre, je peux rester ainsi pendant des heures. Je pourrais me lever furtivement et m’occuper à autre chose en silence. Je ne le fais pas. Je ne fais rien. Elle dort, et c’est tout ce qui m’occupe.

Quelqu’un d’extérieur à la scène penserait sans doute que je perds mon temps. Mais c’est exactement le contraire : je sais sans discussion possible que je suis au bon endroit, dans la bonne attitude : coulé dans l’épaisseur du présent, imprégné de l’essence même des choses, mon corps et mon âme irradiés de la conscience de notre condition sublime et éphémère. Je sais, quand nous sommes enlacés, que je me tiens au plus près du déchirant bonheur de vivre.

© Claire Bracq

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