Au garde-à-vous vers les étoiles

Notre amie Dominique B. est une femme dont tout le monde apprécie la gouaille, la gentillesse, et la jovialité. Elle n’avait que dix-huit ans lorsque, petite aide-soignante blonde et pimpante, à peine sortie de sa campagne bourguignonne, elle s’est engagée dans l’armée avec l’espoir de voir du pays. On l’avait affectée à l’hôpital militaire de Dijon. Commentaire de l’intéressée : « Pour l’exotisme, tu repasseras ».

Elle y fit cependant l’expérience de pratiques médicales insolites. Elle se souvient notamment qu’équipée d’une blouse et d’un masque, et protégée par un rideau, on l’avait chargée de prodiguer des soins aux soldats atteints de la gale. Ils défilaient tout nus devant elle, en sortant de la douche, et elle badigeonnait de benzoate de benzyle leurs aisselles et leurs organes génitaux à l’aide d’un gros pinceau. « Je m’appliquais, dit-elle, j’avais de la compassion pour eux. Ah, les pauvres, ils étaient quasiment tous au garde-à-vous !… »

Un peu plus tard, devenue infirmière, elle eut à soigner un général d’un caractère fort désagréable, à qui l’on avait posé une sonde urinaire. Ce général prétendait la commander en se réclamant de son grade. — J’ai trois étoiles, vous m’entendez ? répétait-il sans cesse. Malgré son naturel compatissant, Dominique, il ne fallait pas trop la chercher. Elle souleva brusquement le drap qui recouvrait le patient, et se mit à examiner longuement son sexe et son bas-ventre. — Mais enfin, mademoiselle, ça suffit, qu’est-ce que vous faites ? — Eh bien, je cherche vos étoiles.

 

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Chiffaut Geneviève

Connaissant ladite Dominique B je
Confirme la petite histoire vécue qu’elle nous avait racontée.