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Il y a quelque chose d’infiniment réjouissant à apprendre (Le Monde du 16 avril) que le Président du Conseil Européen, M. van Rompuy, est un auteur de haïkus.
Cet homme discret, largement inconnu en dehors de la Belgique avant sa nomination, et doté selon un eurodéputé britannique (et europhobe) d’un charisme de “serpillière humide”, est donc probablement un sage. Car écrire un haïku suppose un subtil détachement littéraire, une prise de champ poétique par rapport à la vie.
Il me plait de penser qu’un monsieur aux si éminentes responsabilités s’adonne à de tels exercices. Ayant récemment fait un aller-retour à Washington pour y rencontrer le président Obama, et découvrant à son retour que le printemps a fleuri son jardin, il écrit:
“Absent deux jours / un monde qui a changé / le verger en fleur…”
Pas besoin d’en dire plus. Tant de choses vibrent dans ces trois vers. Je me sens en grande affinité avec Herman van Rompuy. Il dit qu'”un poète haïku ne peut, en politique, ni être extravagant, ni fortement vaniteux, ni extrémiste”. Plût à Dieu qu’en France, nous eussions une serpillière politique de cette trempe ! Cela tiendrait plus propres les allées du pouvoir.
Je vote van Rompuy, et lui dédie très modestement ce haïku de mon cru :
Une serpillière / goutte sur ses plates-bandes / l’Europe fleurit