Lorsque vous êtes sur scène, en général, vous ne voyez rien du public. Les lumières de la salle sont éteintes, les projecteurs vous éblouissent. Face à vous, c’est le noir, même si certains réglages d’éclairage vous permettent parfois de deviner les silhouettes assises dans les premiers rangs.
Récemment, au début d’une représentation, alors que le plateau baignait dans une ambiance tamisée, je voyais cependant distinctement un visage, au milieu de l’orchestre, qui était éclairé par le dessous. C’était un Monsieur qui lisait quelque chose sur son téléphone portable. – Un message, ai-je pensé. Mais comme cela durait : – Pas possible, me suis-je dit tout en continuant ma chanson, il lit son journal !… Mais quand est-ce qu’il va éteindre, ce con ?
La seconde d’après, heureusement, il avait rejoint l’obscurité attentive. La faille dans la masse vivante et sombre s’était refermée. Les conditions du confort artistique étaient rétablies.
(Ou alors, si on allume, que tout le monde s’y mette.)
Le problème aujourd’hui c’est que les chébrans (comme disait Mitterrand) sont tellement accros qu’ils en ont perdu toute notion de savoir vivre au point que cette hyperconnexion est devenu le
cancer de notre société post-moderne et là on comprend immédiatement le rapport avec Pierre Desproges…