Till we meet again

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Maman avait une chanson préférée, et je ne le savais pas. Elle s’est mise à la chanter en revenant de notre ballade dans Paris. Jamais je ne l’avais entendue. Comme je lui en fais la remarque : – C’est parce qu’on m’a toujours dit que je chantais faux, répond-elle, et en plus elle est en anglais…

En anglais… J’ai tout de suite pensé qu’elle tenait cette chanson de sa mère, et que c’était là peut-être aussi une des raisons de ce silence. Les paroles disaient une chanson d’adieu. Maman s’en souvenait suffisamment bien : je les ai retrouvées sans difficulté sur Internet.

Smile the while you kiss me sad adieu,
When the clouds roll by I’ll come to you
Then the skies will seem more blue
Down in lovers lane my dearie
Wedding bells will ring so merrily
Every tear will be a memory
So wait and pray each night for me
Till we meet again

Et tout concorde en effet. Till we meet again (c’est son titre) date de 1918. Le grand-père de Maman possédait à l’époque une grande scierie-menuiserie à Dax, que les Américains, une fois entrés en guerre, avaient réquisitionnée pour y fabriquer des crosses de fusil. Ma grand-mère, sa fille, avait alors dix-sept ans. Elle était tombée amoureuse d’un soldat US. En 1918, il est reparti, lui proposant de l’emmener. Veto paternel. Ils s’écrivirent longtemps (Maman dit que cette correspondance doit encore se trouver au fond de quelque vieux tiroir), et il a dû un jour lui envoyer cette chanson, qui parle d’un soldat qui doit quitter sa bien-aimée.

J’imagine ma grand-mère pleurant en la déchiffrant au piano. Je l’imagine ensuite la chantant, sur tous les tons, pendant des journées entières…

Quand Maman est née, quelques années plus tard, le chagrin d’amour s’était-il dissipé ? La chanson, en tout cas, a dû lui servir de berceuse.


Till We Meet Again
Music by Richard A. Whiting Lyrics by Raymond B. Egan

1 Souris, le temps que tu m’embrasses pour un triste adieu
Quand les nuages défileront je viendrai vers toi
Alors le ciel paraîtra plus bleu
Au bout du chemin des amoureux, ma très chère
Les cloches du mariage sonneront si joyeusement
Chaque larme sera un souvenir
Attends et prie pour moi chaque nuit
Jusqu’à ce que nous nous retrouvions

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pauline bessonart

j’aime beaucoup cette histoire. Avez-vous fait la généalogie de votre famille ?