Je ne sais plus où j’ai trouvé cette photo déconcertante, qui n’a pas l’air d’être un montage. Où une telle scène peut-elle bien se dérouler ? S’agit-il de tester un déodorant pour vieux mâles ? De stimuler par des phéromones la libido des dames en blouse blanche ? S’agit-il d’un contrôle de police dans un pays gouverné par un Big Brother olfactif ? Cherche-t-on à identifier à l’odeur un coupable parmi un groupe de suspects ? Ces dames sont-elles bénévoles ? Et ces messieurs ? Quelle chorégraphie odorante se déploie-t-elle ici, dans ce corps de ballet inédit où les nez et les aisselles, les mains et les épaules démultiplient un primitif et déroutant pas de deux ?
Aux Etats-Unis, on a lancé récemment le concept de Pheromone Party, dont le principe est que chaque participant renifle les t-shirts portés trois nuits durant par les participants de l’autre sexe, et placés à cette fin dans des sacs plastiques numérotés. Dès qu’une dame a trouvé un monsieur dont l’odeur lui revient (ou inversement), elle peut l’identifer dans l’assistance par son numéro, et provoquer la rencontre. Quelques conseils utiles à celles et ceux qui désirent prendre part à ces événements sont prodigués par le site officiel qui en fait la promotion :
– limitez votre consommation d’épices, d’ail et d’oignon pendant la phase d’imprégnation ;
– si vous vous lavez, évitez les produits déodorants ;
– ne rasez pas vos aisselles ;
– ne vous engagez pas dans un rapport intime pendant que vous portez votre t-shirt ;
– mettez le t-shirt au congélateur à votre réveil ; le soir suivant, laissez-le se réchauffer avant de le remettre.
Ce dernier conseil, “laissez-le se réchauffer avant de le remettre”, n’est pas tant destiné à la conservation des odeurs qu’à éviter de prendre froid.
