Rue Eugène Gibez

Ma grand-mère paternelle était une femme joyeuse. Il parait qu’elle pouvait être sévère, autoritaire. Moi, je n’ai que des souvenirs de rires avec elle.

Sur ses vieux jours, j’avais une vingtaine d’années, elle s’est cassé le col du fémur. On l’avait opérée dans une clinique de la rue Eugène Gibez, dans le quinzième arrondissement de Paris. J’étais passé la voir le lendemain. Elle se réveillait doucement d’une longue somnolence.

col-du-femur.jpg
Elle me regarde, l’air un peu perdu, sans reconnaître l’endroit où elle se trouve.
-Tu es à la clinique, Mamée.
-Ah, oui… La clinique… Mais où est-elle, cette clinique? A Asnières? (Elle habitait Asnières).
-Non, à Paris, rue Eugène Gibez.
Elle lève ses yeux vers le plafond, et marmonne:
-Gibez… J’y baise…
Et pouffant de rire:
-Eh bien, il vaut mieux y faire ça qu’autre chose!

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jacques langlois

Une rue que je connais, même si je n’en ai aucun souvenir, puisque je suis né dans cette clinique. Tout me porte à penser néanmoins que c’est à une autre adresse que, neuf mois plus tôt, mes
parents firent ce que suggère le nom de cette voie…