L’art d’écrire est délicat. Non seulement il faut bien comprendre ce que l’on veut dire, mais encore il faut maîtriser l’outil pour le dire : la langue. Or la langue est traîtresse, de plusieurs façons, dont l’une a trait à la virtuosité : on est habile à manier la langue, on veut le montrer, on jongle avec les mots, on se met à jouer avec leurs sons autant qu’avec leur sens, on s’étourdit de cette dextérité formelle, et l’on finit par s’exposer à la critique qu’un lecteur de la Belle Epoque fit un jour à un jeune poète :
– Mon ami, vos rimes sont riches… Trop riches… Dans votre poème, si j’ose dire, l’esprit est mangé par les vers.
Bravo !
Quel esprit !