Un brouillon de Proust
Certains chercheurs en littérature sont spécialisés dans l’étude de la genèse des textes (c’est pourquoi, fort à propos, leur discipline se nomme la génétique textuelle). Comment Proust, ou Balzac, ou Flaubert écrivaient-ils ? Comment construisaient-ils leurs romans, comment formaient-ils leurs phrases et leur style ?
Comme le travail de ces universitaires consiste surtout à se plonger dans les brouillons des grands auteurs, en distinguant les versions successives de l’oeuvre, les retouches, les repentirs, la pensée m’est venue qu’on pouvait les qualifier d’experts en lis-tes-ratures. Mais maintenant qu’on écrit avec des traitements de texte, voilà encore un métier menacé de disparition.
… et puis, de toute façon, il reste le style : même au traitement de texte, il paraît difficile de confondre Proust avec Céline !
Sauf si les écrivains enregistraient les versions successives au fur et à mesure de la réécriture, ce qui serait facile… Mais il faudrait qu’ils y pensent et qu’ils veuillent bien laisser de telles traces de leur travail.