Prendre sa douleur

Quand elle a mal à la tête, elle me demande de placer ma main sur sa nuque. C’est là, sous l’occiput, à la naissance du cou, que se concentre sa douleur. J’en cherche un instant du bout des doigts l’endroit précis. Je ne tarde généralement pas à trouver une petite zone dure, comme une boule, un petit muscle ou un tendon noué, chaud, intense, sur lequel, d’un mouvement circulaire, j’exerce une légère pression. Une sorte de courant électrique me remonte alors dans la main et l’avant-bras, jusqu’au coude et même à l’épaule, comme si je venais de me brancher sur la source de son mal, et que j’en évacuais le trop-plein. Au bout de quelques minutes, à mesure qu’elle se dit soulagée, je sens que mon bras gonfle d’une souffrance diffuse, comme si des milliers de vers minuscules venaient d’éclore à l’intérieur. C’est sa douleur. Je lui ai prise.

Alors, retirant mes doigts de son cou, je secoue violemment deux ou trois fois mon bras dans le vide, pour m’en débarrasser.

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