Portrait d’un musicien en 1644

Les musiciens d’aujourd’hui n’ont pas la vie facile, mais en est-il jamais allé autrement ?

Mademoiselle de Scudéry fait, dans l’une de ses Lettres, le récit d’un voyage en coche qui la mena de Paris au Havre en 1644. Parmi ses compagnons d’équipée se trouvait un musicien, qu’elle décrit ainsi : « craignant de mourir de faim à Paris, [il] s’en allait demander l’aumône en son pays ; et quoique plusieurs personnes eussent beaucoup contribué à son habillement, il ne lui en était pas plus propre. Le chapeau qu’il portait (…) lui tombait sur le nez à cause de la petitesse de sa tête. Son collet ressemblait assez à un peignoir, son pourpoint était à grandes basques, et ses chausses approchaient fort de celles des Suisses. Enfin, plus d’un siècle et plus d’une nation avaient eu part à cet habit extraordinaire ».

Bref, il est attifé comme l’as de pique, avec des vêtements de récupération, et offre la figure d’un homme qui ne tire aucune subsistance de son art.

Il faut dire qu’en l’occurrence, cet art devait être incertain, car Mademoiselle de Scudéry ajoute qu’au cours du voyage ce musicien, qui voulait toujours chanter, était « plus incommode par sa voix que le bruit des roues du coche ».

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Velazquez, Trois musiciens, détail

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