Paix et pets

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Bruegel le Jeune Danse de mariage (détail)

On me pardonnera j’espère de m’attarder sur le thème de la dame qui pète au lit. C’est que le genre, pour trivial qu’il soit, a néanmoins ses lettres de noblesse, et je m’en voudrais de l’avoir abordé sans citer Villon, et sa Ballade de la grosse Margot.

La scène se passe dans un bordel. Villon s’y peint en proxénète, qui vit des amours querelleuses avec Margot, sa protégée. Lorsqu’elle travaille contre rémunération, il se met volontiers à son service, et apporte aux clients à boire et à manger. Mais « Quand sans argent s’en vient coucher Margot / Voir ne la puis, mon coeur à mort la hait ». Dispute, coups. Ils se réconcilient sur l’oreiller.

Puis paix se fait et me fait un gros pet,
Plus enflé qu’un velimeux escarbot.
Riant, m’assied son poing sur mon sommet,
” Go ! go ! ” me dit, et me fiert le jambot.
Tous deux ivres, dormons comme un sabot.
Et au réveil, quand le ventre lui bruit,
Monte sur moi que ne gâte son fruit.
Sous elle geins, plus qu’un ais me fais plat,
De paillarder tout elle me détruit,
En ce bordeau où tenons notre état*. 

J’aime Villon de faire poésie de tout ce qui touche à notre condition. Nos ventres, nos bassesses, nos désirs, nos âmes : tout est un, et nul ne l’a mieux que lui fait sentir. (Cette Ballade est extraite du fabuleux Testament.)

*Puis on fait la paix et elle fait un gros pet
Plus enflé qu’un bousier immonde.
En riant, elle me donne un coup de poing sur la tête,
Me dit “Go! go!”, et me frappe la cuisse.
Tous deux ivres, nous dormons comme un sabot.
Et au réveil, quand son ventre fait du bruit,
Elle monte sur moi pour que je n’abîme pas son fruit.
Sous elle je geins, elle m’aplatit plus qu’une planche,
A paillarder elle me démolit complètement,
Dans ce bordel où nous sommes établis.

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