Le malaise passager, qui m’avait inspiré un court billet la semaine dernière, est devenu hier, dans la bouche d’un autre agent de la RATP, un malaise voyageur. C’est intéressant aussi, un malaise voyageur. Ça se trouve toujours confiné dans l’enceinte du métro, mais au lieu de se dissiper dans le temps, ça erre – c’est du moins ainsi que je l’imagine -, hésitant, flottant d’une station à l’autre, comme une espèce de fantôme, vaguement maléfique, comme une petite brume toxique qui surgit au détour d’un tunnel, s’engouffre dans les couloirs, monte et descend les escaliers en suivant les courants d’air, stagne au bout d’un quai, saute dans un wagon, et voyage ainsi imprévisiblement, menaçant l’usager ordinaire de sa vénéneuse vapeur.
Eh oui, je ne cesse de le répéter, citant le bon Pascal, “tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre”.