Les gros cons à costard

Depuis cinq ans, à la fin de l’été, je vis pendant une douzaine de jours une expérience qui me réconcilierait avec le genre humain si j’étais fâché avec lui : c’est la rentrée des nouveaux étudiants de Sciences Po. Pour 2011, ce bref moment vient de se terminer (la rentrée de Sciences Po, comme les vendanges, a tendance à commencer chaque année de plus en plus tôt dans le calendrier).

Si cette expérience me réjouit autant, c’est que j’y rencontre à cette occasion de beaux specimens d’êtres humains. Des jeunes gens intelligents, ouverts, sensibles, pour la plupart généreux et engagés. (Moi qui ai toujours eu pour principe de ne pas m’engager, j’en viens parfois, en les écoutant, à me demander si je n’ai pas eu tort).

Dans l’un de mes ateliers, une étudiante raconte les actions qu’elle mène pour aider un orphelinat en Afrique du Sud. Elle décrit la situation avec une telle force et une telle émotion que tous les présents, moi compris, sont au bord des larmes. L’un de ses camarades, pendant le “debriefing” qui succède à cette intervention, prie pour qu’elle garde toujours intacts la conviction et l’impact dont elle vient de faire preuve. – Ça te permettra d’aller voir des gros cons à costard, et de leur tirer du fric !

– Sans doute, leur dis-je. Mais – pardonnez-moi de vous le dire comme ça – qui sont les gros cons à costard ? Dans vingt ans, probablement, les trois-quarts d’entre vous…

Ils me jettent des regards furieux, accusent le coup, se taisent… Puis l’un dit : – C’est vrai. Vous avez raison.

Je me prends à rêver qu’ils auront la force de résister à l’usure de la vie et de garder leur flamme intacte… Que la grâce ne les quittera pas, ni la jeunesse… Qu’ils sauront ne rien renier…

orphelinat malawi

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arbon
olivier GUY

Puissent-ils également apprendre que si l’habit ne fait pas le moine, le costard ne fait pas le con …