En me promenant l’autre jour à la campagne, je suis tombé sur cet écriteau qui m’a fort intrigué :
Si les chiens sont en liberté, c’est qu’ils ne sont pas accompagnés d’un maître. Il faut donc qu’ils sachent lire, pour ne pas aller fouler la plate-bande qui leur est interdite.
Admettons. Imaginons alors le toutou qui se promène sur ce chemin. Peut-être est-il tenté d’aller lever la patte sur le gros arbre qu’on voit au fond. Mais il avise le panneau. “Ah! Zut, se dit-il, l’accès ne m’est pas autorisé… Bon, je vais me retenir, je ferai pipi plus loin”. Car s’il sait lire, c’est qu’il est éduqué, qu’il a appris le savoir vivre, et qu’on lui a, en même temps que l’alphabet, inculqué un minimum de respect des conventions sociales.
Mon opinion est que l’auteur de cet écriteau vit dans un monde merveilleux, et nous offre un bel exemple d’optimisme poétique redoublé. Car il n’est pas certain que les chiens sachent lire, comme il n’est pas certain non plus que la maîtrise de la lecture entraine avec elle celle de la bienséance et des vertus civiques. Du moins si l’on en juge par ce qui se passe dans le pays voisin, chez les hommes.
Ou bien… les chiens en laisse, et qui savent lire, sont ici confirmés de tous les avantages qu’ils ont à voir bridée leur liberté. Le panneau du poète les encourage à la fidélité, même une
certaine soumission. Celle ci ne leur ouvre t’elle pas l’accés à des milliers d’arbres, de possibles relaxations en bout de corde ? Chiens en liberté, à vos colliers et belle liberté accompagnée !