Le ciel de Hollande

Salomon van Ruysdael / Paysage de rivière avec barques et chateau

On s’est longtemps interrogé sur l’intensité lumineuse particulière du ciel de Hollande, qui a tant fasciné les peintres. Des artistes et scientifiques néerlandais ont émis l’hypothèse qu’elle est due à l’Ijsselmeer, qu’on appelait autrefois le Zuyderzee. C’est une très grande étendue d’eau qui forme comme une immense enclave aquatique à l’intérieur des terres des Pays-Bas. La lumière qui s’y reflète éclaire le dessous des nuages, et se diffuserait par eux vers les régions mitoyennes, dont la clarté se trouverait ainsi augmentée à son tour.

Mais le ciel de Hollande, il en est aussi question dans La Chute, que j’ai relue dernièrement. Parlant de ce « vaste ciel où se reflètent les eaux blèmes », Camus écrit : « Le ciel de Hollande est rempli de millions de colombes, invisibles tant elles se tiennent haut, et qui battent des ailes, montent et descendent d’un même mouvement, remplissant l’espace céleste avec des flots épais de plumes grisâtres que le vent emporte ou ramène. Les colombes attendent là-haut, elles attendent toute l’année. Elles tournent au-dessus de la terre (…) ».