La fanfare de Brassens

En ces temps d’anniversaires et de commémorations, ça m’embête un peu d’écrire sur Brassens. Tout le monde écrit sur Brassens. Livres, expositions, articles, rééditions, hommages, on va avoir droit à tout, jusqu’à la nausée. A quoi bon ajouter ma voix à ce choeur unanime ? Brassens est grand, et les Français sont ses prophètes. Il a son église, son clergé, ses fidèles structurés en associations, les gardiens de son temple, et chacun souffle à pleins poumons ses louanges dans toutes sortes de trompettes.

Je m’en vais donc probablement rester à l’écart de la fanfare, avec mes petits souvenirs. Celui du jour où, gamin, mon père m’a fait écouter un bonhomme qui chantait d’une drôle de voix une récitation que j’avais à apprendre pour l’école : le Petit Cheval, de Paul Fort, en ayant sorti le disque d’une pochette ornée d’un énigmatique gorille. Celui du jour de sa mort – j’avais 28 ans – quand j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, emporté par un chagrin comme je n’en avais jamais eu pour quelqu’un que je ne connaissais pas personnellement, et comme cela ne m’est jamais plus arrivé depuis.

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Jacques Langlois

Ah, les commémorations…Tous les media s’y mettent, …eux qui depuis trente ans, ne diffusent plus guère de chansons de Brassens, pas plus que de Trénet depuis dix ans, de Ferré… de plus grand
monde de sérieux à vrai dire. Rappelons-nous leur hypocrite célébration de Ferrat quand il est mort.Place à cet ado anglo-saxon, dont le nom m’échappe, à Lady Gaga… et à l’increvable Johnny, même
si, là, la machine commence (enfin!) à gripper: audience en berne sur TF1, critiques exécrables de l’album que lui a concocté “M”…