L’aventure

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On part toujours la fleur au fusil, voilà la vérité. On fait confiance à son étoile, on s’engage de bon cœur, on se dit que l’aventure sera fraiche et joyeuse. Et puis un jour, on commence à déchanter. La perspective initiale écrasait longueur et durée. Les semaines, les mois ou les années se mettent peu à peu à vous paraître interminables, et les pentes trop raides, et les vents contraires et violents.

On comprend alors que l’aventure est une séductrice, toujours grisante et belle lorsqu’elle se présente à vous. On perçoit ses attraits, on les grossit, on ne voit qu’eux. On sous-estime ses mauvais côtés. On n’est pas pour autant nécessairement naïf. On connait les risques. Mais, pour des raisons liées au désir d’entreprendre, ou de voir du pays, ou de changer les choses, ou de se fuir soi-même, on décide de les considérer comme accessoires, ou même comme des agréments nécessaires au projet, lequel n’aurait aucun sel sans obstacles, aucun prix sans difficultés à surmonter.

Il parait que les joueurs sont plus optimistes que la moyenne des gens. Ils surestiment leurs chances de gagner, c’est pourquoi ils achètent leur billet de loto. Mais ils voient bien qu’il y a toujours quelqu’un qui gagne, et ils se disent: pourquoi pas moi? Nous sommes tous pareils. Nous jouons, nous parions, d’une manière ou d’une autre. C’est la vie qui nous amène à ça. Peut-être, en définitive, reste-t-il au fond de chacun d’entre nous quelque chose de la mémoire du spermatozoïde qui a gagné sa course folle vers l’ovule dont nous sommes issus.

Nous sommes tous des fils et filles de vainqueur. 

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Bertrand

Certes mais nous n’avons pas tous une bonne tête de vainqueur… François Pignon.