L’amiral Leahy

william-leahy-c-myron-davis.jpg

William D. Leahy (1875-1959) fut le chef d’état-major du président Roosevelt, puis du président Truman.

Comme il était né dans l’Iowa, c’est-à-dire en plein milieu du continent nord-américain, à 2500 kilomètres de la mer, il était a priori difficile d’imaginer qu’il deviendrait amiral. C’est pourtant dans la marine qu’il fit toute sa carrière, jusqu’à devenir en 1936 le commandant des forces navales américaines. Il resta trois ans à la tête de la Navy, avant de prendre sa retraite en… août 1939. Ce jour-là, le président Roosevelt lui dit : – Bill, si jamais nous avons une guerre, vous revenez ici vite fait pour m’aider à la mener !

Les Etats-Unis, comme on sait, n’entrèrent en guerre qu’en décembre 1941, après Pearl Harbor. Aussi est-ce d’abord comme Gouverneur de Porto-Rico, puis comme ambassadeur auprès du gouvernement de Vichy (sans que le lien soit clair entre les deux fonctions…) qu’il continua de servir son pays. Le Président des Etats-Unis, chef suprême des Armées, n’avait jamais eu de chef d’état-major. Roosevelt en voulut un. Le seul homme susceptible d’être accepté comme patron à la fois par la Navy, l’Army et l’Air Force était William Leahy, qui fut rappelé à Washington en mai 1942.

Si ce personnage m’intéresse, c’est pour la position qu’il a prise en 1945 sur l’utilisation de la bombe atomique contre le Japon. Il tenta jusqu’au bout de s’y opposer. Son argument n’était ni militaire, ni politique, mais moral. Il disait qu’en employant la bombe les premiers, les Américains devenaient semblables aux barbares de l’âge des Ténèbres. « On ne m’a pas appris à faire la guerre de cette façon, et les guerres ne se remportent pas en massacrant des femmes et des enfants. »

Truman trancha finalement contre lui. Clémenceau avait dit que la guerre était une chose trop grave pour être confiée à des militaires. Cet épisode montre que ce n’est pas toujours le cas.

S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires