Goûter sur l’herbe

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Cela ressemble à une version moderne de “Un dimanche à l’île de la Jatte”, de Seurat. Nous sommes ici au Parc de Bagatelle. Les Parisiens ont toujours manifesté du goût pour les pelouses, les jours où le temps est beau. On dirait qu’ils éprouvent l’urgence de se coucher sur le gazon, de poser leurs mains dans l’herbe, de reprendre contact avec une terre libre d’asphalte, et végétale. C’est une façon d’échapper au béton, au verre, à la voiture. Mais quelque chose d’exagérément bucolique est à l’oeuvre. Plus que de réellement se détendre, il s’agit au fond de reproduire une figure de la détente, et, la pose prise, de se convaincre peu à peu qu’on en éprouve bel et bien les bienfaits.

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3 Commentaires
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arbon

Tu as raison, Seurat peint la parade sociale. A son époque, on était physiquement plus contraints, on portait faux cols et corsets. Mais la vraie campagne était moins loin…

Muriel

Tu veux dire que les citadins du XXIe siècle que nous sommes n’éprouvent plus de rapport immédiat à la nature, que l’idée d’un pique-nique ou le stéréotype d’une pose associée à la détente nous
sont des filtres nécessaires pour entrer en relation avec elle ? Que ce plaisir risque même de rester quelque peu virtuel (de même que le rêve vendu dans les pubs reste surtout cérébral, la
consommation du produit vanté se révélant le plus souvent décevant) ?
Ne saurions-nous plus respirer ni contempler la nature ?
… Il y a sûrement du vrai là dedans, ne faut-il pas de vraies longues promenades ou randonnées pour éprouver la nature, pour entrer pleinement en communion avec elle ? Le fait-on si souvent ? Le
vocable “d’espace vert” traduit bien l’idée d’une nature découpée, enserrée dans le tissu urbain, qui ne nous permet qu’à demi de « décrocher » des villes tentaculaires et de ses servitudes. Même
si somme toute, ces goûters sur l’herbe du dimanche nous font du bien – sûrement beaucoup plus qu’un travail dominical !
(Ceci dit, les promeneurs endimanchés de l’Ile de la Grande Jatte ne sont pas moins guindés que ceux de ta photo, la parade sociale prime chez Seurat…)

Gilberte

Sans doute êtes-vous un peu fatigué pour écrire cela …..