La Thaïlande est créative : c’est du moins ce qu’affirment des spots publicitaires diffusés en boucle à l’aéroport de Bangkok, qui nous citent, pour illustrer leur propos, la mise au point par une entreprise du pays du saxophone en polycarbonate.
Si l’on avait sollicité un esprit simple comme le mien avec une question du genre : – Arbon, quel objet pourriez-vous imaginer à partir du polycarbonate ?, je serais probablement resté coi. Au mieux serais-je allé me documenter dans Wikipedia, pour découvrir que « l’excellente résistance aux chocs du polycarbonate en fait un matériau très approprié pour la fabrication de casques de moto ou de boucliers de police ». Mais de musique, point. Ou alors, dans un total délire, vu sa capacité d’encaissement aux coups : des percussions.
Heureusement que les facteurs d’instruments thaïlandais sont plus inventifs que moi, et permettent au monde de disposer désormais de saxophones colorés, dont l’esthétique rompt radicalement avec les banals reflets cuivrés du laiton.
J’espère simplement que ces saxophones ne se comportent pas comme les biberons fabriqués dans la même matière. Ceux-ci libèrent, comme on sait, des particules de bisphenol A, lesquelles sont fortement soupçonnées non seulement d’empêcher les testicules de descendre (chez les petits garçons) et de perturber le cycle hormonal (chez les filles), mais encore d’avoir des effets délétères sur l’audition. Il serait regrettable que les orchestres du milieu du XXIè siècle soient composés de musiciens asexués et sourds.