Hyène, où est ta victoire ?

J’entendais l’autre jour quelqu’un qui, évoquant l’une de ses connaissances diplômée d’une grande école de commerce, disait : « à cinquante ans, il s’améliore, mais entre vingt et trente ans c’était une hyène ».

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© Catherine Lanneluc

L’image m’a frappé. Moi qui suis passé par HEC dans une vie antérieure, je me suis demandé si elle avait quelque chose de vrai. Je crois que oui. On apprend dans ces écoles à agir efficacement au nom de la rentabilité et du profit, c’est-à-dire, très clairement, à privilégier l’argent. On y assimile des règles et des valeurs qui ne correspondent pas nécessairement à ce à quoi aspire votre nature : on y passe donc comme par un lieu, sinon de dressage, du moins de formatage, dont on ressort préparé à ne pas faire de sentiment, capable d’attaquer au nom de l’intérêt (le sien ou celui de ceux qui vous paient), et résolu à prendre sa part sans trop s’occuper des autres, puisque le monde, tel qu’on vous l’a enseigné, est composé de vainqueurs et de vaincus, et que vous avez, croyez-vous, la chance d’être dans le camp des vains cœurs.

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cepheides

Hélas, c’est tellement vrai ! Durant mes années d’étudiant à la faculté de médecine, on m’avait répété encore et encore : “La vie n’a pas de prix”, nous enjoignant ainsi à tout faire pour la sauvegarder, cette vie, envers et contre tout, sans lésiner sur le temps et les moyens. Aujourd’hui (je le sais par de jeunes confrères), si la phrase que je citais est toujours maintenue (jusqu’à quand ?), on rajoute chaque fois ” mais elle a un coût !”. Soudain, tout a un coût comme si, auparavant, on gâchait ou gaspillait je ne sais quoi. L’entrée de l’argent-roi dans notre monde à l’anglo-saxonne est – on ne le dira jamais assez – une catastrophe pour nos valeurs et donc notre mode de vie.