Hommebon

Au XIIè siècle vécut dans la bonne ville de Crémone (Italie) un saint homme, tellement bon qu’on l’avait surnommé Hommebon. Il était tailleur d’habits de son métier, et pensait que si Dieu lui avait permis de travailler, c’était pour être utile aux autres. Il donnait donc beaucoup aux pauvres. Sa femme, d’après son biographe, chercha longtemps à réfréner ses ardeurs charitables, mais lui ne s’en laissa jamais détourner, si bien qu’après sa mort les habitants de Crémone demandèrent et obtinrent, en moins de deux ans, qu’il fût canonisé.

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C’est assez naturellement qu’il devint, à partir de là, le protecteur des tailleurs et des marchands d’habits. Cependant, par quelque curieux glissement sémantique ultérieur, de tailleur à travailleur ou de marchand à entrepreneur, il se trouve être aujourd’hui le saint patron des hommes d’affaires. Wikipedia nous apprend qu’on assiste aux Etats-Unis à une recrudescence de la vénération dont il fait l’objet. Des statuettes et des images pieuses lui sont dédiées et distribuées dans les lieux de travail, sur lesquelles on peut lire cette prière : « Saint Hommebon, je vous prie pour que vous m’accordiez votre divine assistance dans mon travail. Que mes supérieurs me remarquent et m’accordent une promotion. Protégez moi de la relégation à un poste subalterne, et du scandale. Amen ».

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cepheides

Les enfants du Paradis sont effectivement un chef d’oeuvre comme il en existe peu par siècle. Le film a été diffusé il y a quelques jours en copie remastérisée par Arte et on a pu y retrouver avec
bonheur Marcel Herrand dans sa stupéfiante interprétation de Pierre-François Lassenaire et la non moins impressionnante composition de de Brasseur (Pierre)… sans oublier Arletty, Barraud et M.
Casarès. Il faudrait citer tous les acteurs, les dialogues de Prévert, etc. J’avais vu ce film pour la première fois il y a plus de quarante ans à la Pagode : enthousiasme alors de la jeunesse ?
Que non car je l’ai revu bien des fois depuis (je l’ai même en blue-ray) et chaque fois je suis charmé par l’ambiance générale qui se dégage de l’oeuvre… Même impression l’autre jour sur Arte.
Comme quoi, on peut faire des chefs d’oeuvre sans effets spéciaux et en noir et blanc. Mais, évidemment, cela on le savait déjà !

Jacques Langlois

Je rebondis sur ce billet consacré au protecteur des marchands d’habits pour conseiller à ceux qui, en ces temps pré-hivernaux, aiment à se réfugier dans les salles de cinéma mais ne se satisfont
pas totalement des films à succès, même estimables et divertissants, comme… “l’Homme-Bond”, d’aller (re)voir “Les Enfants du Paradis”. Ils y verront un marchand d’habits et une pantomime éponyme
de Deburau. Ils verront surtout un chef d’oeuvre. Et ils pourront enchaîner sur l’exposition remarquable que la Cinémathèque française lui consacre.