Franc-Nohain et les cure-dents mélancoliques

Franc-Nohain (1872-1934), sous-préfet et poète, (il se qualifiait lui-même, curieusement, de « poète amorphe »), composait des vers étranges et drôles qui faisaient l’admiration d’Alphonse Allais. Je copie ici la présentation que ce dernier faisait, dans un article, d’une production de Franc-Nohain intitulée « Les Cure-dents se souviennent et chantent »

« Dans ce petit poème d’une exquise intimité, l’artiste se sert de la fiction suivante : les cure-dents, qui proviennent de plumes d’oies, comme chacun sait, rencontrent dans les molaires des consommateurs quelques fragments du volatile auquel ils furent arrachés ».

Alors il nous souvient
Des jours anciens
Et du soir d’automne où quelque servante accorte
Pluma notre pauvre mère devant la porte.
En fermant les yeux, je revois
L’enclos plein de lumière,
La haie en fleur, le petit bois,
La ferme et la fermière. (…)
Sur les tables des restaurants à prix modiques,
Nous sommes les tristes cure-dents mélancoliques

oies2110.jpgAllais précise : « Les idées qui composent le fond des poèmes de Franc-Nohain sont, en général, bizarres, inattendues, et suggestives, combien ! L’artiste a su s’affranchir des moules odieux et surannés. Quand, par hasard, il rencontre un alexandrin, tenez pour certain que Franc-Nohain n’a pu faire autrement et qu’il en est au désespoir. »

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