Le Centre Pompidou de Metz accueille pour quatre semaines encore une exposition intitulée Formes simples, portant sur la naissance d’objets artistiques à la frontière des formes créées par la nature, et par l’énergie dans la nature. Parmi celles-ci : le souffle, et donc, puisque cette exposition est consacrée aux arts plastiques, l’art du souffleur et le travail du verre. (Mais l’art du souffle est aussi celui du musicien, et du chanteur).
Susanna Fritscher, Souffle
J’ai été passionné de retrouver là des idées qui me sont chères. Je pense notamment à celle de la vie vue comme une respiration, donc comme un volume d’air (cf cet article, ici), que développe le sculpteur italien Giuseppe Penone : « La respiration, c’est le volume d’un souffle. Quand vous respirez, vous lancez dans l’air un volume d’air différent de celui qui l’entoure, avec une température différente. L’action de respirer est déjà un acte sculptural » ; « remplir un espace avec les méandres du souffle, le volume du souffle produit par la vie d’un homme ».
De même, j’ai noté cette phrase de Le Corbusier, sur la chapelle de Ronchamp : « Un édifice est comme une bulle de savon. Cette bulle est parfaitement harmonieuse si le souffle est bien réparti, bien réglé de l’intérieur. L’extérieur est le résultat d’un intérieur ».
Mais le plus émouvant, ce fut de lire ces mots, relevés sur un sarcophage égyptien datant du XXIè siècle avant J-C : « Le Grand Dieu m’a expiré de sa narine. Je suis celui dont la forme est l’expiration et l’expansion de ce dieu vénérable. […] Je suis celui dont la forme est celle d’un souffle ».
Anima, en latin, est à la fois le souffle et l’âme, et voici que les Egyptiens nous le murmurent du plus loin de la nuit des temps : un grand dieu assemble ma forme, je suis celui dont la forme est son souffle.