Ma manière de commémorer le dixième anniversaire du 11 septembre sera de sortir de mes tiroirs une chanson en forme d’inventaire désespéré du monde à l’aube du XXIè siècle, que j’avais écrite quelques mois après la tragédie.
L’enregistrement a été réalisé en public en avril 2004, lors d’un concert que j’avais donné au Réservoir à Paris.
En ces temps d’fracas
De tours en poussière
J’en veux à ma mère
Et à mon papa
En ces temps d’fracas
De rumeurs de guerre
Menaces nucléaires
Djihad et sida
On fait des galas
Pour sauver la Terre
Aide humanitaire
Show-biz et bla-bla
Bonjour les dégâts
Peurs sécuritaires
Humeurs délétères
Tous chacun pour soi
Et cependant par ma fenêtre
J’vois toujours du ciel bleu
Le jour nouveau qui vient de naître
Ressemble aux jours heureux
On s’croirait avant-guerre
Rien n’a changé
Juste la peur et la poussière
A la télé
En ces temps d’fracas
De missiles terre-terre
Réseaux qui s’enterrent
On reste chez soi
En ces temps d’fracas
D’manips cellulaires
Bateaux pour Cythère
N’appareillent pas
Sperme qu’on congela
Et mères ovulaires
Procréent sans mystère
Que sera sera
Y’a pas de la joie
Plus d’amour à faire
Dieu nous désespère
En ces temps d’fracas
Merci d’avoir partagé ces lignes.
Quelques mots semblables retrouvés au fond d’une semblable mémoire…
Cdlt – Ed
Deux cases en moins
Chez l’Oncle Sam
Au feu ça craint
A Manhattan
Sur les écrans
Bulletins et flashs
Un grondement
Et puis le crash
L’avion mala-
de et sans détour
Frappe au front la
Trop fière tour…
Feux et sirènes
Stupeurs et cris
Les firemen
Accourent et puis
D’un coup d’un seul
C’est le chaos
La big Apple
Tombe de haut.
Adieu les gens,
Adieu les tours,
Au mur d’argent
Chute des cours.
Décompte et fin
Du premier round
Le grand ricain
Est sur le ground…
Ça craint et j’ai le blues
En regardant Fox News…
Sept ans plus tard, le portrait de notre époque est toujours aussi saisissant de pertinence et de raccourci.
Sur un sujet en partie analogue, anglé différemment, dans un mode lyrique d’expression du tragique, j’aime aussi beaucoup ta chanson “Anne et son frère”.
D’ailleurs nombreuses sont tes chansons qui disent et décortiquent notre époque, aucune ne peut remplacer l’autre, elles sont comme la série de tableaux d’un peintre reprendrait inlassablement son
sujet.