Baptêmes de bateaux

Un proverbe de la marine anglaise dit qu’ « un navire qui n’a pas goûté au vin goûtera au sang ». Il n’est pas prêt de tomber en désuétude, puisqu’apparemment, un point commun assez répandu entre navires qui connaissent des problèmes, c’est d’avoir raté leur baptême, ou de n’en avoir pas eu. La bouteille de champagne ne s’était pas brisée sur la coque du Costa Concordia, ce qui n’était pas bon signe, pas plus que sur celle du Titanic, dont l’armateur, en 1912, s’était carrément dispensé de la cérémonie.

La tradition de baptiser un navire remonte en fait à une époque bien antérieure à Dom Pérignon et à l’invention du champagne. Dans l’Antiquité, avant de mettre un bateau à la mer, on versait sur sa proue le sang d’un animal offert en sacrifice. On espérait ainsi se concilier la clémence des dieux, et épargner récifs et tempêtes au bâtiment que l’on confiait aux flots. Puis, le christianisme ayant officialisé l’équivalence du vin et du sang, on passa au rouge, avant d’en venir au champagne, breuvage des circonstances heureuses associé à la chance et à la bonne fortune.

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Il convient que la bouteille casse du premier coup. On s’en assure mieux en sciant légèrement le goulot à l’avance. Il est bon aussi que son éclatement fasse autant de bruit que possible, ce qui est, comme chacun sait, la meilleure manière d’effrayer les démons.

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