L’art de vivre, de Montaigne à Duchamp

Montaigne écrit : « mon métier et mon art, c’est vivre ». Duchamp déclare : « J’aime mieux vivre, respirer, que travailler. Donc, si vous voulez, mon art serait de vivre ». Comme je me sens proche de ces affirmations ! Non pas qu’il s’agisse de faire de sa vie une œuvre d’art, mais on peut aspirer, comme ces messieurs, à traverser ce bas monde avec un minimum d’élégance.

Que faut-il pour cela ? Du loisir. Une disponibilité à l’imprévu, une attention à ce qui nous entoure, une curiosité pour l’instant qui vient. Il faut pouvoir lever la tête, lâcher l’esprit, et consacrer de précieuses minutes à suivre un papillon du regard, ou à écouter, comme le dit Verlaine, « le bruit de la pluie, par terre et sur les toits ». Il faut cette capacité à flâner, physiquement et intellectuellement, et à glisser dans le monde, tel qu’il est, sans le meurtrir, en l’accueillant.

Cela ne nous vient pas aussi naturellement qu’on feint parfois de le croire, et c’est précisément en quoi il s’agit d’un art, c’est-à-dire d’une chose qu’on cultive en la pratiquant.

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Daniel Spoerri, Restaurant de la City Galerie, Zurich, 1965

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