Agonie d’une chanson

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Les chansons meurent aussi. L’une des miennes est en train d’agoniser. C’est 2012, qui figure sur mon premier disque.

Lorsque je l’ai écrite, il y a huit ou neuf ans, l’année 2012 semblait encore bien loin. J’en faisais, dans mon imagination, la première étape de la longue errance d’un homme qui allait sombrer doucement dans la vieillesse sans parvenir à se déprendre d’un amour perdu. Tout était bâti sur l’évocation d’un futur lointain exploré à travers des lieux eux-mêmes distants et poétiques.

En deux mille douze
Errerai-je vers le Detroit d’ Ormuz

Le flou de l’éloignement était un ingredient essentiel au charme de l’œuvre. Il est en train de disparaître. 2012, nous y serons dans quelques jours. Dès que cela deviendra du présent, la date de péremption sera dépassée. Je me dépêche donc de la chanter. Aux trois baudets, jeudi, ce sera sans doute la dernière fois.

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Ed

Au vu de l’actualité du Proche-Orient de ce début d’année, il y avait pas mal d’intuition dans ce :
“En deux mille douze
Errerai-je vers le Detroit d’ Ormuz”
Peut-être ne vaut-il mieux pas…

Ed

Si vous le dites, elle mourra jeudi soir… mais dans le plus beau des tombeaux et sans doute pour mieux gagner l’éternité !

Ed

Sur le même principe, peut-on dire que le roman de Georges Orwell est mort en 1984 ? Si c’est le cas, il a de beaux restes…

Câline du Baron

Moi aussi !

muriel

“Agonie d’une chanson”, voilà qui me serre le cœur, car j’aime beaucoup “2012” et l’expression de son immense désespoir trouvant son propre écho dans des lieux géographiques dramatiques ou
poignants par leur configuration ou leur température extrême, brûlante ou glaciale…

Mais si tu considères que 2012 est morte parce qu’on arrive en 2012, ne peut-on pas te rétorquer qu’à ce compte-temps là, l’arrivée de Claudine dans ta vie avait déjà “périmé” ta chanson ?
J’avoue tout net que l’idée d’assigner une date de péremption à une chanson me glace le dos !

Clo

Est-ce l’agonie d’une chanson ? On peut parier le contraire pour cette composition écrite à l’orée du nouveau millénaire.
Confondant le passé et le futur, l’auteur refuserait de se soumettre aux impératifs de la diachronie. Peut-on lui en vouloir ? Cette liberté est admise depuis bien longtemps comme un « symptôme »
(littéraire). Il y a dix ans dans cette « baie des trépassés », il était question d’Amour, de Haine et de souffrance.
Au delà d’un devenir hypothétique (2012 / 2040 ), le caractère hors du temps évoqué par la malédiction frappe l’imaginaire – 2012 serait un point de fuite pour des amants déchirés .

arbon

Tu as raison. “Toutes ces années” dont je parlais dans 2012 étaient des anées, sans amour et sans n.

Jacques Langlois

En somme, tu vas mesurer le poids d’une “ânée” aux Trois Baudets…