Hé! Roméo!…

A propos de comédie musicale, il faut dire que les spectacles proposés en France ont assez souvent le défaut d’être bâclés. Pas d’orchestre, mais une bande-son, et une suite de chansons vaguement faufilées les unes aux autres, en lieu et place d’une vraie dramaturgie.

Je me souviens que “Romeo et Juliette” était devenu, dans son adaptation par Gérard Presgurvic en 2000, une sorte de soap mollasson dont le succès ne s’explique que par ce qui, dans le spectacle, subsistait de Shakespeare : l’histoire, la situation, les personnages. C’était même une démonstration par l’absurde du génie du grand William, puisque maltraitée à ce point, son oeuvre demeurait capable d’obtenir le succès. Presque plus rien n’était dit, la puissance de la langue avait totalement disparu, et les chansons (médiocres) s’enchainaient aux chorégraphies (laborieuses) sans autre transition que deux ou trois phrases destinées à faire comprendre ce qui se passait ou ce qui allait suivre, comme les sous-titres d’un film muet.
C’est ainsi qu’on voyait à un moment Mercutio arpenter la scène de long en large en criant:
-Roméo!… Hé! Roméo!… Y’a ta mère qui t’cherche!…

 On sait depuis toujours qu’il est difficile de traduire Shakespeare, mais tout de même…

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