Les petites ombres de la Pathétique

Je suis récemment allé entendre François-Frédéric Guy, salle Pleyel à Paris. Il y donnait le concerto l’Empereur de Beethoven avec l’orchestre de Radio-France dirigé par Philippe Jordan. Moment magnifique. A 40 ans, je crois qu’il a atteint le sommet de son art, et que sa maturité nous promet bien des enchantements.

Le public de Pleyel n’ayant pas ménagé ses applaudissements enthousiastes, François-Frédéric est revenu jouer en “bis” le deuxième mouvement de la sonate Pathétique, qui est l’une des plus belles mélodies jamais composées. Or il le joue d’une manière très particulière, en laissant un décalage infime entre la note aigue qui dessine la mélodie et la basse qui l’accompagne, de sorte que la musique semble d’un coup en relief, plongée dans une sorte de “3D” sonore, ou soumise à un éclairage tel que la note grave devient l’ombre de l’aigue, son écho un peu trouble, son double sombre et flouté. C’est bouleversant.

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Marie Fpe

Raah le changement de rythme de 2/4 en 6/8! Je me dis toujours, à ce passage-là, in petto bien sûr, que Ludwig, au lit, ça devait être queqchose! Autrement que le clitoridien Mozart!