
Il parait qu’en hébreu, désert et parole sont deux mots qui ont même racine. Parole se dit “dabar”, et désert “midbar”. “Midbar” désigne un lieu sauvage, aride, solitaire; mais il désigne en même temps le lieu où Dieu “medabar”: c’est-à-dire où Il parle.
Comme si le désert, le silence, la mise à l’écart, étaient nécessaires pour entendre la parole.
Plus le monde est peuplé, dense, trépidant, bruyant, moins Dieu y trouve sa place. Et c’est dans cette promiscuité de l’homme avec lui-même que prolifèrent les idoles, les fausses valeurs, les egos.
Alors que dans le désert, on peut entendre ce qui est inaudible ailleurs.
C’est au désert que le “Lunatic Lover” d’Ibn Arabi comprend que son “moi” fait obstacle à l’autre. C’est au désert qu’il est saisi par l’amour.
C’est très différent dans nos contrées: ainsi les enfants qui parlent à table sont privés de désert.