Il y a bien longtemps qu’il n’y avait pas eu d’arbre de Noël dans l’appartement de mes parents. Celui-ci est tout petit, tout simple, joliment installé devant la cheminée. Maman le regarde avec émotion.
— C’est ton père qui l’a fait, chuchote-t-elle. C’est bien, hein ?
L’hôpital, le décès, l’enterrement : Maman a oublié… Nous nous tenons la main et nous restons là, en silence, à regarder tous les deux le petit sapin. Notre imagination nous fait voir Papa installer boules et guirlandes. Maman sourit.
— N’est-ce pas que c’est bien ? Jamais je ne l’en aurais cru capable.
— Oui, Maman. C’est extraordinaire…
Son coeur s’emplit d’une pensée douce. Ses yeux s’embuent. On peut y lire de la reconnaissance, de l’étonnement, de la tristesse. Elle a oublié, mais elle sait. Serrant ma main plus fort, elle soupire de tout son faible corps. Jamais petit soupir ne fut plus densément chargé de nostalgie.