La réforme du baccalauréat est d’actualité. J’entends parler d’un grand oral, j’entends disputer de la place éminente des mathématiques dans toutes les filières, et du rôle de l’orthographe. Mais jamais on ne parle de poésie.
On pourrait pourtant, peut-être, s’inspirer des anciens chinois. Au début de la dynastie des Tang*, vers l’an 600, l’Empereur décida que l’accès à la fonction publique ne serait plus réservé à la caste dirigeante, et que le recrutement des fonctionnaires s’effectuerait par un examen ouvert à tous. Dès lors, chaque année, des milliers de lettrés chinois convergèrent vers la capitale pour passer les différents concours. Le plus prestigieux, le plus difficile d’entre eux, celui dit du jinshi (« lettré accompli »), comportait une épreuve reine : la poésie. L’homme idéal devait aussi être poète.
Ce fut une réforme féconde. La Chine, à quelques soubresauts près, connut pendant cent cinquante ans prospérité économique et stabilité politique. La paix régna, au point qu’un historien put écrire avec étonnement qu’à cette époque, dans le pays, on pouvait « parcourir mille lis sans porter une arme ».
* Cf Introduction à la dynastie des Tang, Anthologie de la poésie chinoise (La Pléiade, Gallimard)
Ça doit être assez difficile de réciter du Lamartine au moment où un terroriste de Daes’h lève son sabre pour vous couper la tête !