Troy Davis Lawrence Brewer
L’un est probablement innocent, l’autre certainement coupable. Les deux sont morts exĂ©cutĂ©s le 21 septembre, respectivement en Georgie et au Texas, USA.
Troy Davis, un Noir, a Ă©tĂ© condamnĂ© pour le meurtre d’un policier blanc. Il a clamĂ© son innocence jusque dans la salle d’exĂ©cution. Il semblait un homme digne. Lawrence Brewer, un Blanc, a Ă©tĂ© condamnĂ© pour le meurtre raciste d’un Noir. Il a dit : « Si c’Ă©tait Ă refaire, je le referais ». C’Ă©tait un parfait salaud.
L’exĂ©cution du premier a dĂ©clenchĂ© une intense mobilisation internationale. Tous les partisans de l’abolition de la peine de mort ont donnĂ© de la voix, partout, au plus haut niveau. Pour le second, d’après ce que j’ai lu, quelques militants seulement se sont dĂ©placĂ©s jusqu’au pĂ©nitencier.
L’opposition Ă la peine de mort repose-t-elle sur un principe Ă gĂ©omĂ©trie variable ? Il apparait en tout cas clairement qu’il y a de facto des cas moins inacceptables que d’autres. Lawrence Brewer a attachĂ© sa victime par les chevilles Ă sa voiture avec une chaĂ®ne ; il l’a trainĂ©e en zigzagant sur quatre kilomètres, Ă©corchant son dos et ses bras jusqu’aux os ; puis la tĂŞte ayant heurtĂ© un obstacle, il abandonna le corps de sa victime dĂ©capitĂ©e. Il reconnait les faits et ne regrette rien.
Cette victime avait un nom : James Byrd. Et un fils unique : Ross Byrd. Qui s’est battu contre l’exĂ©cution du meurtrier de son père, Ă laquelle il n’a pas voulu assister. « On ne combat pas le meurtre par le meurtre, je ne veux pas perdre mon temps Ă venir voir un homme mourir ».
Dans l’autre affaire, la victime s’appelait Mark MacPhail. C’Ă©tait clairement un brave type. Son frère et son fils Ă©taient lĂ lorsque Troy Davis reçut l’injection. Pas sa veuve. Elle a dĂ©clarĂ© qu’il n’y avait « rien Ă cĂ©lĂ©brer », et qu’elle aurait « du chagrin pour la famille Davis, car dĂ©sormais ils vont comprendre notre peine et notre douleur ».
James Byrd Mark MacPhail
Je suis d’accord. Cependant, je voulais montrer que c’est avec les Brewer que les vrais abolitionnistes se comptent.
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La question de la peine de mort vaut Ă©videmment d’ĂŞtre dĂ©battue pour les Brewer et autres individus ignobles, et non pour les innocents exĂ©cutĂ©s Ă tort.
A mon sens, on ne peut pas dire “je suis contre la peine de mort, sauf pour les types comme Brewer”. Cela voudrait dire que l’on est POUR la peine de mort.