Trépas et grammaire

On a critiqué le titre de mon article d’avant-hier au motif qu’il ne respectait pas la concordance des temps et que j’aurais dû écrire : « J’ai appris que Michel Delpech était mort dernièrement ».

Je pourrais arguer qu’être mort est une qualité permanente, insensible au passage du temps, et que c’est précisément ce que le présent exprime. « J’ai appris que Michel Delpech est mort » est une affirmation qui peut susciter bien des commentaires, mais pas d’ordre grammatical. Il est mort, il le reste, au moment où je l’ai appris comme plus tard. C’est le dernièrement qui met à mal cet argument : car la phrase désigne alors clairement le moment précis où l’ami Delpech est passé de vie à trépas. Ce moment étant nécessairement antérieur à celui où je l’apprends, le passé s’imposerait dans la subordonnée.

En réalité, il n’aura pas échappé à tous les amateurs de l’oeuvre du défunt dont on parle que je paraphrasais un vers de Quand j’étais chanteur : « J’ai appris que Mick Jagger est mort dernièrement. » Les paroles de la chanson sont peut-être fautives au regard de la grammaire, on ne touche pas à un texte consacré par l’usage, et tant pis pour MM. Vaugelas, Grevisse et consorts.

grammaire

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CEPHEIDES

C’est vrai : on ne touche pas à un texte consacré par l’usage (Je pense au titre de la chanson de Françoise Hardy :”C’est à l’amour auquel je pense” !).

Hervé Biju-Duval

Ah, qu’il fut, qu’il était, qu’il est et sera toujours bon de brelauder avec minutie !