Au beau milieu de trois semaines de concert au Sentier des Halles, au moment où sortait mon premier disque, Etre et avoir été, le pianiste avec lequel je jouais à l’époque fit subitement défaillance. Gérard Prévost et Amaury Blanchard se chargèrent illico de trouver un remplaçant. Ce fut Pascal Simoni. Du jour au lendemain, il avait appris les vingt chansons. Il tint le clavier avec un incroyable brio.
Nous avons ensuite beaucoup joué ensemble, jusqu’à ce qu’il soit embauché par Fred Chichin pour accompagner ce qui allait être la dernière tournée des Rita Mitsouko. Il a fait merveille avec eux, puis avec Catherine Ringer lorsqu’elle s’est retrouvée seule.
En juillet 2006, il m’accompagnait pour une série de concerts en duo au festival d’Avignon. Sa femme, qui était restée à Paris, attendait un bébé. Une nuit, il apprend que son fils vient de naître. Il se précipite dans le premier TGV, me téléphone pour m’apprendre la nouvelle, et me dit : – Ne t’inquiète pas, je serai là pour entrer en scène ce soir à 20h. Vers 18 heures, il m’avertit qu’il est bien dans le train qui le ramène, mais qu’il y a du retard. Je fais un peu traîner le début du spectacle, mais au bout d’une vingtaine de minutes, je me décide à monter sur scène sans lui. Je chante ma première chanson, j’expose la situation au public, et j’enchaîne. Il est entré au cours de la chanson suivante : je ne l’ai pas entendu, j’ai juste entendu soudain derrière moi le son chaleureux du piano. Pascal, pieds nus, s’était changé rapidement mais n’avait pas pris le temps de mettre ses chaussures. Le public lui fit un accueil très joyeux. Alors il est resté ainsi, pieds nus, jusqu’à la fin de la soirée, laquelle se déroula très allègrement, pour se terminer sur une ovation à Pablo, le nouveau-né.