Je n’ai pas une passion pour les trentenaires. Je veux dire pour la génération actuelle de trentenaires. Ils sont très centrés sur eux-mêmes, très nombrilistes, avec une propension marquée (pour les romanciers et les chanteurs en tout cas) à nous entretenir de leurs gros ou petits problèmes, de coeur, de couple, d’enfants, de boulot, d’alcool, de drogue… Bingo! Nicolas Rey souffrant gravement de tous ces maux à la fois, il nous les raconte dans son bouquin.
Seulement, Nicolas Rey est un vrai écrivain. Il sait tenir sa plume, il ne s’épanche pas en pathos, il a le sens du détail et de la formule, il est à fleur de sensations. Il est économe de ses mots, il n’en utilise que le minimum, et ceux qu’il emploie ont une efficacité redoutable. Il est rare de savoir dire beaucoup avec peu; c’est un art qui se perd. Mais lui le possède à fond. J’en veux pour exemple cette phrase d’un début de chapitre qui installe une atmosphère avec une parfaite concision:
C’était dans un bar glauque sous Pigalle, une de ces brasseries à néon qui sentent un peu le détergent et le croque-monsieur.
Et nous voici, en plus gris et plus poisseux, dans l’équivalent parisien d’un tableau de Hopper.
Tiens, ce blog connaît un “léger passage” de dominos: hier “Furey”, aujourd’hui “Rey”. Demain, “Reyes” (histoire de reparler du Mexique) ou “Reynaud” (Paul ou Fernand)? Yes or no?