Il s’en va

Il a 22 ans et s’en va
La vie qui le prend dans ses bras
Il lui confie son âme vagabonde
Il part seul il dit pour six mois
Peut-être plus je ne sais pas
Le temps qu’il faut pour embrasser le monde
Il voit le large qui l’appelle
L’avenir aux couleurs de ciels
Où l’aventure et les défis abondent
A lui les neiges éternelles
Les hommes durs ou fraternels
Et les morsures aux lèvres brunes et blondes

Il quitte le nid et le port
Vers l’horizon saupoudré d’or
Vers des visions qui sont encore mirages
Des rêves un peu flous de matins
Perdus dans des draps de satin
Ou alanguis sur les derniers rivages
Il change d’air et d’hémisphère
Va danser au bout de la Terre
S’épanouir dans d’autres paysages
Avant – au hasard des rencontres –
De heurter le pour et le contre
Et d’entailler son cœur sur des visages

Il s’en va
Il s’en va

Il part prendre des trains de nuit
A l’extrémité de la pluie
Attendre sur des quais interminables
Brûler sous des soleils lointains
Dormir dans des lieux incertains
Plonger ses yeux dans des yeux mémorables
Il part et l’idée du retour
Va lui paraître au fil des jours
Tantôt sensée tantôt déraisonnable
Rien n’est exclu et rien n’est sûr
Tout est ouvert tant de futurs
Lui font face indistincts et désirables

Il s’en va
Il s’en va

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© cousie

Il a 22 ans et sa vie
– S’il savait comme je l’envie –
Va décoller une nuit de décembre
Entre insouciance et gravité
Je le vois tel que j’ai été
Mon Dieu mon Dieu père et fils se ressemblent
Comment ne pas jouer les vieux cons
Comment lui dire fais attention
Moi qui ai tant souhaité et craint ensemble
Qu’un jour en agitant la main
Il prenne son propre chemin
Et aille librement où bon lui semble

Il s’en va
Il s’en va

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5 Commentaires
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Smoky Bird

C’est beau.

Comme si ça vibrait encore sous votre peau et que lorsqu’il a annoncé sa décision, des vapeurs de souvenirs et de sentiments sont venus se mélanger à la réalité et se sont superposés sur ses
traits. Vous devez vraiment l’aimer beaucoup, et c’est touchant.

VI

et nous, c’est quand nos filles rencontrent la petite mort que nous commençons à mourir …

Clo

C’est beau, tendre et nostalgique à la fois.Au détour d’une vie, tes mots s’envolent à tir d’ailes vers Santiago ; ils filent avec ce fils magnifique vers les nuits chaudes de l’hémisphère sud
sillonner le nouveau monde jusqu’en terre de feu, ensemble ils vont parcourir des milliers de kilomètres, voir le soleil au zénith et des étoiles tranversantes d’est en ouest. Magie d’une chanson,
dont il vous suffira de convoquer les paroles pour susciter une sensation violente, ici et là-bas le même sentiment viendra sur un air te parler de lui & lui parler de toi.

Jacques Langlois

Moi qui(…) étais… L’émotion sans doute!

Jacques Langlois

Mes filleuls m’épatent! L’une à 21 ans ne rêve que de piloter des avions militaires pour courir le monde; un autre, né le même jour qu’elle, est parti vivre au Québec depuis trois ans. Et voilà le
troisième, leur aîné de quelque six mois, qui prend son baluchon pour l’Amérique du Sud. Comme pour montrer à son père qu’il n’y a pas que les cochons que l’on peut comparer à de nouveaux
Ulysse(s).
Leurs parents ont eu une drôle d’idée de me prendre pour parrain, moi qui ai toujours préféré à l’air marin la douceur angevine. Moi qui, à leur âge, était déjà revenu des voyages que je ne ferais
jamais.
Bonne route, cher Augustin, prends soin de toi et tâche tout de même de revenir un jour vivre auprès de tes parents (et de ton parrain) le reste de ton âge.