Comment j’ai mis mon grain de sel dans une chanson de Brassens…

Georges Brassens a laissé à sa mort un certain nombre de textes de chansons sans musique. Quelques épigones plus ou moins inspirés se sont lancés dans des compositions, dont certaines (on peut ainsi s’en faire une idée) sont disponibles sur Youtube.

Parmi ces textes « orphelins » se trouve le Fidèle Absolu. L’histoire, joliment tournée, est celle d’un homme comblé par ce qu’il a : son arbre, son village, sa femme (voilà les trois couplets), et qui n’aspire à rien d’autre. Or, au beau milieu du deuxième couplet, dans ce qui devrait être un sizain, il manque un vers de six pieds. C’est assez étrange, car le poème ne paraît pas du tout en être resté à l’état de brouillon. Aucun site Internet dédié aux paroles de chansons ne donne ce vers, et même sur les plus pointus et les plus spécialisés, comme analysebrassens, où « 3807 notules explicatives » portent sur « les références, les expressions, et le vocabulaire de Brassens », on indique que le vers est manquant. Même dans l’édition intégrale des poèmes et chansons parue au Seuil, laquelle sert sans doute de source à la plupart des références en ligne, le vers n’y est pas.

Or, suite à une discussion avec Daniel Fernandez qui se propose de le mettre en musique, je désire intégrer le Fidèle absolu dans la version du spectacle La Fontaine / Brassens qui sera donnée à Amou cet été. Pour que la chanson ne soit pas bancale, j’ai donc décidé de compléter ce sizain de cinq vers :

Bonhomme sais-tu pas
Qu’il existe là-bas,
Derrière tes montagnes,
Des pays merveilleux
Des pays de cocagne?

La construction du texte incite à répéter “pays” et à trouver un autre adjectif en “eux”, ou mieux: en “ieux” ou “yeux”. Plein de possibilités se bousculent. En vrac : Des pays délicieux, des pays si joyeux, des pays au ciel bleu, etc. Ou, si l’on se donne davantage de liberté : des endroits, des lieux, des contrées, des continents, etc.

Finalement, percevant peut-être une pointe d’exagération dans la voix qui parle au bonhomme, j’ai opté pour “mieux que mieux” : des pays merveilleux / où tout est mieux que mieux / des pays de cocagne.

pieter-brueghel-pays-de-cocagne.jpg

Pieter Bruegel / Pays de cocagne

 

 

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cepheides

Cela me semble parfait et tout à fait en accord avec “l’esprit” de Brassens…