On attribue à Socrate une règle dite des trois filtres, ou des trois tamis, selon laquelle, avant de prendre la parole, il faut se poser trois questions. Est-ce que ce que je vais dire est vrai ? Est-ce bon ? Et est-ce utile ? De nos jours où la parole, via textos et conversations en ligne, a tendance à s’écrire, donc à devenir ineffaçable, chacun devrait appliquer cette règle en redoublant de vigilance et de discernement.
© Bramhall New York Daily News
Je l’applique pour ma part aux publications de ce blog, quoique partiellement. Je ne me sers que des deux premiers filtres. Il faut que ce que j’écris soit vrai, ou sincère lorsque j’exprime une opinion ou un sentiment. Il faut aussi que ce soit dénué de méchanceté ou d’agressivité. J’évite d’ajouter au désordre et à la violence du monde.
Quant au critère de l’utilité, je m’en dispense, sans quoi j’y répondrais neuf fois sur dix par la négative et ne publierais jamais rien. Il faut beaucoup de présomption ou d’inconscience pour s’imaginer que ce que l’on dit peut servir à quoi que ce soit. C’est d’ailleurs sans doute ce qu’ont également pensé les fondateurs de certains ordres monastiques, qui ont inscrit les trois filtres dans leur propre règle, afin de mieux se cantonner au silence.