En ce temps-là, les filles des magazines composaient des figures de femmes libres et indomptables, dans un espace trouble, entre le papier glacé et la chair. Elles excitaient un désir d’amour qui n’était ni de l’amour ni véritablement du désir, mais quelque chose de douloureux et d’ambigu qui se renouvelait sans cesse et ne s’assouvissait jamais. J’avais vingt ans. J’avais essayé d’en faire une chanson.
Vous
Qui posez pour les magazines et qui donnez des rendez-vous
Vous
Que l’on attend pendant des heures et qu’on remercie à genoux
De nous donner l’espoir d’attendre
Une fois encore vous attendre
Vous
Dont le bonheur est d’être libre et de partir pour n’importe où
Vous
Qui n’appartenez à personne alors que vous possédez tout
Et la beauté et la jeunesse
Qu’est-ce pour vous que la jeunesse
Vous
Vous qui jonglez avec les cœurs et qui couchez avec les sous
Vous
Vous que le ciel en sa colère inventa pour nous rendre fous
Pris au piège de vos images
C’est un tel tourment vos images
Vous
Dont les lèvres acidulées n’embrasseront jamais nos cous
Vous
Que nous aimons parce que jamais nous ne viendrons à bout de vous
Continuez à peupler nos rêves
Ils sont si merveilleux nos rêves