J’appartiens à une génération qui a vécu un rêve : celui d’un monde ouvert, débarrassé de l’absurdité de la guerre, enfin en paix. Revenant en voiture l’autre jour de Belgique, j’étais triste de voir que les barrages avaient été rétablis sur l’autoroute, et que la frontière, qu’on croyait abolie, était à nouveau en place, barrière détestable et rassurante, entrave à une liberté d’aller et de venir que j’avais crue irréversible.
La parenthèse est refermée. L’ouverture n’est plus qu’un souvenir. Retour à l’idée qu’on est mieux chez soi qu’à côté, que c’est toujours de l’étranger que le danger provient. Retour à la méfiance, à la prévention, dans tous les sens du terme. Retour au repli, à l’ennemi, à la peur de l’autre, à l’union contre. De chaque côté de la ligne.
Mais qu’est-ce qui nous sépare des Belges ?
Fin de l’Europe. Fin du rêve.
3 réponses à Tristesse de la frontière