Travail et déchéance

Le chômage s’accompagne fréquemment chez ceux qui en sont victimes d’un sentiment de déchéance sociale et de dépréciation de soi. Puisque l’on ne travaille plus, on se sent inutile et sans valeur.

Mais se rend-on bien compte du caractère historiquement daté de cette funeste impression ? Il y a deux cent cinquante ans, au sein de l’aristocratie française, le simple fait de travailler « était synonyme de dérogeance ; si un noble consacrait toutes ses journées à travailler et que cela venait à se savoir, il en perdait son statut, et seule une lettre de réhabilitation du Roi pouvait le lui restituer *».

On a peut-être jeté un peu vite aux orties certaines valeurs morales de l’Ancien Régime. Sans y adhérer le moins du monde, les socialistes de la fin du XIXè avaient eux aussi bien compris le problème : « Le travail éreinte, tue et n’enrichit pas : on amasse de la fortune, non pas en travaillant, mais en faisant travailler les autres.**»

noble-et-paysan

* Wikipedia, article Physiocrate

**Paul Lafargue, in Le Socialiste, 1886

 

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