Steaks, fourrures, opium, immobilier

Comment devient-on l’un des hommes les plus riches du monde ? Pour William Waldorf Astor, dont il a été question hier, la réponse est finalement assez simple. Si William Waldorf Astor était riche, c’était que son père était riche, et si son père était riche c’est que son grand père était riche. Mais la généalogie de la richesse s’arrête là : l’arrière grand-père (né en 1763) avait débuté comme commis boucher dans une petite ville d’Allemagne. Intéressons-nous donc à ce bisaïeul.

Vers l’âge de seize ans, Johann Jakob Astor (c’était son nom) comprit qu’il ne passerait pas son existence à découper des biftecks. Il quitta son Allemagne natale pour Londres où il rejoignit un oncle qui fabriquait des flûtes et des pianos. Peu sensible à la musique, il partit aux Etats-Unis. Il y devint John Jacob, profession trappeur, et monta un négoce de fourrures. Tout ce qui était en peau était alors à la mode : bottes, vestes, toques, chapeaux. Il fit fortune.

Davy-Crockett

En 1800, il envoya en Chine un bateau chargé de 30000 peaux de loutres, qui en revint les cales pleines de thé et de soieries. Il mit ainsi en place la première organisation de commerce transcontinental des USA. Il en optimisa l’économie en l’étendant pendant quelque temps au trafic de l’opium.

Puis, constatant que la mode changeait et que l’on préférait désormais se vêtir de tissus, il revendit toutes ses affaires pour investir dans l’immobilier. Il acheta d’immenses terrains à Manhattan, et les fit bâtir. Il construisit la luxueuse Astor House, futur hôtel Astoria, qui malgré des tarifs prohibitifs devint rapidement le centre de la vie mondaine new-yorkaise. Son collègue Davy Crockett, y ayant séjourné, commenta : « Astor pèle ses clients comme j’ai moi-même pelé les ours et les bisons ».

On ne devient pas l’homme le plus riche des Etats-Unis simplement en gagnant de l’argent : encore faut-il ne pas trop en dépenser. John Jacob Astor ne mangeait que des restes et négociait le moindre de ses achats. Il ne donnait qu’à contrecoeur. Quand il mourut, à l’âge de quatre-vingt cinq ans, il parait que ses dernières paroles furent pour traiter d’imbécile un de ses fils qui avait versé cent dollars à une œuvre de charité.

 
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